Rebelles, esprits libres ou victimes de règles trop strictes, certains vignerons s’émancipent du cadre des AOC et retrouvent avec l’appellation Vin de France la liberté de créer sans contraintes administratives.
L’Inao créé en 1935 a permis la création d’un modèle administratif remarquable, capable de gérer grâce au système des AOC l’ensemble de la production viticole Française en codifiant de la vigne au chai la production des milliers de vignerons hexagonaux.
Ce système complexe et cependant très efficace à permis aux vins Français de traverser les différentes crises et de se hisser au sommet de la hiérarchie des plus grands vins de la planète.
Malgré tout, ce système qui s’est réformé en 2012 avec la création au niveau européen des AOP, suscite de plus en plus de reproches et de critiques, et nombreux sont les vignerons qui aujourd’hui réalisent volontairement ou non, une ou plusieurs cuvées hors de leur AOC régionale.
Que ce soit François Chidaine dont les Vouvray sont classés en Vin de France parce que vinifiés à Montlouis (de l’autre côté de la Loire), ou le Domaine Gourt de Mautens qui a perdu son appellation Rasteau à cause d’un pourcentage trop élevé de cépages dits accessoires, ou encore Alexandre Bain qui a un temps perdu son appellation Pouilly Fumé à cause de rendez-vous de contrôle manqués…
Les exemples sont nombreux de très grands vins qui ont perdu leur AOC historique et qui se retrouvent aujourd’hui classifiés en Vin de France, AOC fourre-tout sans aucune attache régionale.
Attention, la sortie de l’AOC n’est pas toujours une sanction prise par une administration trop tatillonne ; parfois certains vignerons à l’esprit libre et au caractère bien trempé se libèrent eux même du carcan administratif et laissent libre court à leur vision et à leur créativité que ce soit en matière de cépages, de vinification ou d’élevage.
Le cas du domaine Henri Milan en Provence en est un parfait exemple, avec la décision du domaine dès 2007 de sortir toutes ses cuvées de l’appellation Baux de Provence afin d’être plus libre dans ses choix et de pouvoir sans contraintes continuer à expérimenter. L’histoire n’est pas finie, mais elle semble porter ses fruits et les différentes cuvées du domaine, aujourd’hui toutes classées en Vin de France, se montrent originales et d’un très haut niveau et font le bonheur de nombre d’amateurs de vins d’auteurs, Natures et tout simplement bons.
Il ne faudrait pas croire que ce phénomène de remise en cause des appellations reste franco-français, car l’Italie autre patrie des grands vins, est également touchée par cette vague de liberté.
Ainsi, dans la fin des années 70, la Toscane a connu ce que le monde viticole et la presse ont appelé le phénomène des Super Toscans. C’est la Tenuta San Guido qui fut fer de lance de ce mouvement en décidant de commercialiser un vin 100% Cabernet Sauvignon là où le cépage Sangiovese est roi. Ainsi naissait la cuvée Sassicaïa, aujourd’hui un des vins les plus recherchés du monde.
Comme on a pu le voir, un bon vin reste un bon vin quel que soit son AOC et cela les amateurs avisés le savent bien au contraire de certains « buveurs d’étiquettes » préférant la sécurité d’un moule à la vision libre et personnelle d’un vigneron.